Il est temps de chanter et de rire

 

Improvisation matinale, entre deux espaces temps (changement d'heure, l'horloge de ma voiture et celle de mon portable m'ont rappelé mon retard sur le fuseau d'été), à l'heure où les travailleurs hebdomadaires ont le droit de rester sous la couette. Vu le temps, tu m'diras, y'a pas grand chose d'autre à faire.

 


 

Ben si, comme aller acheter du terreau pour pouvoir créer un nid fertile pour les futurs bébés plantes... Puis attendre que ça pousse.

 

Aussi, pousser la chansonnette sans objectif autre que se faire du bien, se bidonner un peu, ce qui a des vertus médicinales sous-estimées sur le corps-cerveau-esprit-énergie:

 

- rire/chanter génère un état de détente (SN parasympathique en charge des opérations) par un abaissement du taux de cortisol (hormones de stress, gérées par le SN sympathique): on ne peut pas rigoler (de soi) et être stressé en même temps; c'est physiologique, hormonal et nerveux.

 

- on ne peut pas non plus sourire et pleurer en même temps: commissures des lèvres vers le haut ou vers le bas, il faut choisir; c'est postural et émotionnel.

 

- si on rigole avec des copains, boum, shoot d'ocytocine, hormone de l'amour et de la connexion avec autrui. Si on écoute une chanson qu'on adore et qui donne envie de bouger, boum, dopamine, hormone de la motivation et de la récompense. Si on entend une musique douce, boum, sérotonine, hormone relaxante qui apaise les émotions; c'est hormonal.

 

- rire/chanter masse le diaphragme, muscle de la respiration, octroyant aussi au passage un joli massage à l'abdomen; le nerf vague n'est pas oublié par tout ce joyeux brassage: ce 10ème nerf crânien qui relie le cerveau cérébral au cerveau viscéral (et qui fait partie du SN parasympathique dont le rôle est de relaxer et régénérer l'organisme) est massé puisqu'il passe par la gorge; c'est mécanique et nerveux. Ça fait aussi de beaux abdos à tes zygomatiques; c'est musculaire.

 

- ça fait aussi bien respirer, à grandes goulées pour prendre son souffle et en faisant de belles expirations pour chanter/s'esclaffer, ce qui procure à l'organisme une meilleure oxygénation du sang et de toutes les cellules ainsi bien nourries en O2; c'est cellulaire.

 

- plus on rit, plus on a envie de rire, et plus on voit les choses sous un jour ludique: notre cerveau fait une fixation en fonction de ce sur quoi on porte notre attention; c'est neuroplastique. Système d'activation réticulaire en place, il nous économise de l'énergie en filtrant notre environnement à la recherche de tout ce qui nous intéresse/préoccupe, pour le meilleur ou pour le pire, et nous aide à le repérer illico presto; c'est neurologique.

 

- car ça prendrait trop d'énergie au cerveau de trier les milliards de bits d'infos qu'il reçoit par minute dans ses neurones, alors il filtre. Comme la passoire, il laisse couler tout ce qui n'a pas d'importance pour soi; c'est électrique et énergétique.

 

Exemple, quand j'ai décidé de changer de voiture il y a quelques mois. Moi qui ne m'intéresse pas du tout aux marques automobiles, je me suis mise à repérer les modèles que je cherchais à acheter: je les voyais partout sur la route, dès que je sortais. Même encore aujourd'hui, je repère bien plus facilement les marques et surtout les sœurs de ma voiture (même marque, même couleur), en plus de ses cousines (autres couleurs). Alors que je continue de m'en foutre royalement des zautomobiles. Programme par défaut, mon cerveau filtre encore. Faut que j'ai une conversation avec lui pour qu'il me lâche la grappe... Il ne la lâche pas car j'ai eu pas mal de situations stressantes pendant cette période: le stress amène le cerveau à se focaliser encore plus sur ce qui nous préoccupe en général, même les choses anodines et pas stressantes. Cervo illico presto, à la vitesse de la lumière neuronale.

 

- chanter/rire élève le moral, cela connecte à la simple joie d'être, au jeu, à l'enfant en soi, à l'instant présent; c'est émotionnel et spirituel.

 

- le son stimule le chakra de la gorge, lieu d'expression, de créativité et d'authenticité. Il stimule aussi d'autres chakras, mais là j'ai trop la floume (j'ai la flemme et je m'en fous) pour tous les énumérer (de quoi écrire un livre); c'est vibratoire et spirituel.

 

 

- l'auto-dérision (quoi, une voiture, où ça où ça...?!? mon cerveau, arrête!) est une vertu puissante. Se prendre trop au sérieux est stressant, le jugement de soi est stressant. Qui dit stress dit énergie dépensée pour faire face au stress. Le stress est le pac-man de l'énergie.

 

- lâcher-prise sur le regard des autres: la peur du jugement des autres est aussi un élément stressant. Quand on fait une vidéo aussi peu... aussi... bon ben t'as compris..., il y aura inévitablement des personnes qui vont trouver cela ridicule/nul et qui vont projeter (lancer leurs jugements) sur moi. Le truc à comprendre, c'est que plus on a de jugement sur soi (enfouis profondément dans son inconscient, donc on sait pas qu'on les a, sinon ils seraient conscients, pas inconscients, logique), plus c'est agréable/facile de critiquer en face de soi. Car se rendre compte de ses propres insécurités/hontes/sentiments d'humiliation est tellement douloureux que l'ego, en service rapproché pour nous empêcher de souffrir, va intervenir fissa pour critiquer l'autre là, la guignole qui chante super mal et qui ferait mieux d'aller se cacher... non mais j't'en foutrais des taloches à tous ces nulos qui font des vidéos sur n'importe quoi... franchement faudrait les faire taire pour de bon... y zont pas honte?!?...

 

Ces autres, si ridicules, si cons, si nuls. Cela s'appelle faire de la projection: tout comme l'image d'un film est projetée sur un écran de cinéma, l'égo est le projecteur de nos peurs du ridicule/hontes les plus refoulées, l'écran étant les autres. Deux trois insultes/tartes dans la tronche, ça défoule de la honte de soi.

 

Si si, une partie de moi a honte, je t'assure, mais je le fais quand même parce que j'ai décidé de vivre pour de bon, et non survivre, écroulée par toutes mes peurs/insécurités/jugements/envie de me planquer dans un trou. Je le fais parce qu'une autre partie de moi se marre énormément et me susurre vas'y éclate-toi! le reste, on s'en cogne... T'inquiète, le jour de ta mort, tu seras contente d'avoir osé bien délirer, je te promets. La partie qui a peur a perdu, puisque la partie qui se marre a gagné.

 

La joie est l'antidote de pac-man bouffeur d'énergie. C'est l'anti-poison des jugements et des humiliations, la dopamine (joie de déconner) et l'ocytocine (amour de la vie, de soi qui se permet de vivre en étant libre et authentique, que cela plaise ou non aux autres) contre-carrent le cortisol (le stress + la peur qui boulottent l'énergie). L'amour est l'antidote à la peur, quelle que soit la manière dont l'amour s'exprime - il a 1001 façons de le faire, pas toujours les plus lisses/convenables. Parce que l'amour, c'est la Vie même qui s'expérimente à chaque instant dans tout ce qui recèle une parcelle de vie, cette force infiniment créative et généreuse qui a enfanté l'univers, la galaxie, des milliards d'étoiles, d'êtres humains, d'animaux et de végétaux. La Vie n'est pas conformiste, elle ne rentre pas dans les cases d'un mental étriqué par la peur, elle est libre, sauvage et puissante comme le fou rire d'un être humain qui oublie de se contrôler le temps de quelques secondes. La Vie, elle brandit avec panache un immense 3ème doigt, le sourire aux lèvres, et elle utilise de nombreux moyens pour faire passer le message ici-bas.

 

 

***

 

Des sentiments d'humiliation et de honte sont profondément installés chez toute personne ayant subis des remarques blessantes dans sa vie, notamment dans son enfance à un âge où l'on est très vulnérable au regard des autres - les autres étant principalement les parents, ou toute figure d'autorité qui règne en souverain sur la construction de la psyché de l'enfant. Plus le regard a été critique, blessant, humiliant, plus le futur adulte ne va pas oser être authentique, c'est-à-dire s'exprimer librement en toute circonstance, quoi qu'en pense l'extérieur. Son comportement sera inhibé, sa créativité et sa liberté d'être seront écrasées sous le pied de "l'éducation parentale", surtout éducatrice à penser qu'on est pas assez bien/beau/méritant si on est simplement soi.

 

Cela aura tendance à produire un enfant qui fera tout pour être bien sage, bien gentil (pour ne pas être humilié/blessé encore une fois), de préférence bon élève ou petit prodige dans une discipline quelconque (pour être récompensé), valorisant des parents très attachés à l'image extérieure (un enfant parfaitement montrable au monde entier est impec pour se rehausser narcissiquement, surtout si la faille parentale est immense, et si le trauma de la honte est transgénérationnel). Ou cela donnera un enfant qui tape sur les autres pour se défouler dans la cour d'école de tant de répressions au sein du foyer familial.

 

Cela aura de grandes chances de donner un adulte constamment sur ses gardes, à se regarder faire et à se contenir de peur de se laisser aller (à être naturel, pas parfait, un peu gauche, pas sûr de lui...), vivant dans la peur (du regard des autres, de ne pas être assez bien), dans la co-dépendance (veut être aimé à tout prix), dans la tristesse/dépression (impossible d'être soi, vrai, nature), dans le stress (de toujours réussir/bien faire/y arriver, pour être aimé/accepté), dans la comparaison/compétition aux autres (se sentant supérieur ou inférieur selon les circonstances).

 

Une quantité colossale d'énergie est dépensée (pac-man) pendant toute une vie pour vivre dans les cases de ce faux-soi, cette persona créée par nos peurs, manques d'amour, d'écoute et d'acceptation au moment où on en avait terriblement besoin, petits humains hauts comme quelques pommes épris de connexion que nous étions, sans compréhensions de ce qui se tramait en nous ni autour. Un enfant ne va pas être en capacité mentalement de se dire: "ma mère a un comportement complètement dysfonctionnel, elle ne respecte pas ma nature profonde aimante et authentique, elle ne sait pas répondre à mes besoins émotionnels de sécurité, de réassurance ou d'acceptation, elle ne sait pas se connecter à moi parce qu'elle-même a eu une mère indisponible émotionnellement, du coup elle ne peut pas me prodiguer un espace rassurant où je peux expérimenter la vie sans stress, en étant sûr d'être aimé + écouté + protégé + rassuré + reconnu quoi qu'il arrive... je ferais mieux de me casser d'ici illico presto sinon je vais développer, une fois adulte, des comportements dysfonctionnels: je vais sans cesse rechercher des partenaires amoureux qui ressembleront à ma mère, ils m'abandonneront, ne sachant pas m'écouter/m'aimer/m'accepter tel que je suis... et je vais noyer mes émotions qui me terrifient avec des substances extérieures parce que je n'aurais pas appris enfant à les ressentir et à me calmer grâce à la présence rassurante d'un adulte au système nerveux bien équilibré... et je vais chercher à prouver à la terre entière que j'ai de la valeur - car j'en doute profondément, je me sens comme une m**** indigne de quoi que ce soit de bon - en réussissant professionnellement et en m'achetant une grosse voiture très chère... et je serai accro à mes réussites et à l'hyper-activité, pour me rappeler ce que je connais depuis l'enfance, SN sympathique enclenché, en vigilance permanente pour plaire, me conformer, performer... etc."

 

Cela peut aussi créer un adulte soumis, timide, qui n'ose pas s'affirmer/s'imposer, laissant les autres le contrôler, essayant d'être gentil pour ne pas que les autres soient méchants (même stratégie que dans l'enfance, quand il ne pouvait pas se défendre ou envoyer chier son parent). Cela peut aussi créer un adulte rebelle, maltraitant les autres (plus personne ne me fera mal, c'est moi qui fais peur maintenant), dominant, contrôlant, donneur de leçons (écoutez-moi, j'ai raison), qui fait des manifs et trouve tous les moyens possibles pour dire m**** à une autorité quelconque - prof, patron, patronat, état... - (j'emmerde mon père/ma mère qui m'a rabaissé.e/pas écouté.e...). Cela peut aussi donner un adulte qui se replie sur soi, qui n'a pas d'amis (je ne peux faire confiance à personne), préférant la compagnie des livres (je me réfugie dans le mental, la connaissance, l'analyse) ou des animaux (ils ne risquent pas de me blesser/humilier, eux, ils savent m'aimer tel.le que je suis). Cela peut donner un adulte qui a un peu de tout ça (quoi, qui, moi? non, je vois pas du tout le rapport...) et tout plein d'autres profils de personnalité différents tellement la Vie est créative: t'as qu'à regarder les quelques dizaines autour de toi.

 

 

***

 

 

Et dire qu'au début, j'avais branché la caméra uniquement pour me rappeler les paroles de ce petit délire personnel, histoire de retravailler la chansonnette plus tard... Pour m'amuser toute seule dans mon coin. Tant pis pour l'égo. La joie, ça se communique, c'est tout. Contagieuse, elle est.

 

Parce que la peur l'est aussi.

 

Choisis donc bien où tu portes ton attention, my dear, parce que ton cerveau veille au grain (ta santé, ta survie), système d'activation réticulaire bien en place. Il ne loupe rien. Et évite de croire que ta vie est trop dure pour que tu puisses en rire ou chanter/fredonner. Au plus sombre de mes années dans le trou noir de la terreur, quand je me croyais malade pour toujours, impuissante à tout jamais, j'ai réussi à avoir 2 fous-rires sans le vouloir, alors que je ne riais jamais (je ne sortais quasi pas de ma chambre hormis pour me trainer à la cuisine et à la salle-de-bain avec le sentiment d'avoir fait un triathlon à chaque allée-venue tellement je me sentais HS). Un jour, en voyant sur FB des humains et des animaux glisser et se casser la margoulette sur des plaques de verglas (au Canada ou au nord de EU); et un autre jour où une de mes nièces, toute petiote, s'arrêtant à l'entrée de ma chambre, a dit d'un air semi-affirmatif, semi-interrogatif "ça sent bizarre ici Tatie..." (ma chambre embaumait les huiles essentielles), avant de repartir dans le couloir, me laissant en train de rigoler comme une baleine. Je la revois encore, ce petit corps bien planté sur ses jambes, bien ancrée... Amour d'enfant, vraie, nature, authentique. J'ai rigolé pendant 3mn, je n'en revenais pas: cela me paraissait si étrange de ressentir ces soubresauts dans mon corps, pas dus à des larmes cette fois.

 

Que ce soit pour rire, chanter ou pour bouger, pas besoin d'attendre d'aller mieux. La première fois que je me suis mise à danser, j'étais dehors, assise, hyper épuisée, le corps lourd comme un camion 3 tonnes, avec un casque de chantier sur les oreilles (pour me protéger du bruit extérieur, hypersensibilité oblige). Le casque avait la fonction radio mais je ne l'avais jamais utilisé... Je l'ai allumé et une chanson entrainante m'a donné envie de bouger les bras. J'ai dansé, assise. Ça a commencé comme cela. J'étais super épuisée le lendemain, mais comme de toute façon j'étais déjà super-épuisée en permanence, ça n'a pas changé grand chose, hormis que si: j'ai dansé, j'ai bougé. Je l'ai fait. Même si cela a duré 2mn. Mini joie. Mini shoot de dopamine. Puis je l'ai refait de temps à autre, et mon corps s'est habitué progressivement, au fil des mois. Plein de mini shoots redonne l'envie de vivre et la force de supporter l'adversité, rendant encore plus résilient. Le paradoxe: on devient puissant de s'être sorti de l'impuissance la plus pesante.

 

Lire l'article qui en parle: bouge ton corps 1/2 : réanimation sensorielle

 

La vie est surprenante. Créative, libre, sauvage. Laisse-toi surprendre, ne cherche pas à contrôler, abandonne-toi à son flux, tu verras. Le pouls de la vie est aussi bienveillant que puissant. Il réanime tous les esprits qui ont vécu trop longtemps dans la peur.

 

 

Sois fou.folle.

 

Faut être un peu ouf pour croire qu'on peut guérir en chantant, riant, dansant, et en se foutant de [...plein de choses...].

 

On ne guérit pas toujours par les voies conventionnelles.

 

 


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Commentaires: 2
  • #1

    Sabine (lundi, 27 mars 2023 11:44)

    Magnifique texte ! Ça me parle à 200%. Merci de partager ça avec qui veut bien. Et j'avais complètement oublié cette chanson ! Elle est parfaite � !

  • #2

    Caroline (lundi, 27 mars 2023 13:26)

    Merci bien! :)